Être déconnecté en dehors des horaires de travail, un droit ?

Entre hyper-connexion et droit à la déconnexion, comment trouver le juste équilibre ?

11 JANV. 2017 · Lecture : min.
Être déconnecté en dehors des horaires de travail, un droit ?

De nos jours, nous reconnaissons l'ensemble des changements et les facilités que nous ont apporté les nouvelles technologies dans nos vies privées et professionnelles mais ne sont-elles pas devenues paradoxalement une barrière en étant connecté 24h / 24 ? Savons-nous vivre sans les nouvelles technologies en nous déconnectant ?

La plupart des gens apprécient ce que les nouvelles technologies apportent à nos vies, car elles contribuent sans aucun doute pour beaucoup à nous mettre en contact avec ceux qui nous importent, là où nous sommes. Parmi les points positifs, la proximité qui nous permet de rester en contact depuis n’importe quel endroit quand autrefois il fallait attendre des semaines pour recevoir une lettre, des photos et garder contact. Même un appel téléphonique pouvait être très coûteux. 

Désormais, ces situations ont évolué grâce à l’arrivée d’Internet. Nous pouvons maintenant nous communiquer facilement en temps réel dans presque toutes les régions du monde, et même en pouvant voir nos visages à travers l’écran, ce qui était impensable, il y a encore quelques années. Cependant, ceci a aussi son côté négatif, c’est que le contact s’est normalisé à un point tel qu’il semble que nous devons être connectés 24 heures sur 24.

Une connexion permanente

Il est devenu commun de répondre aux sollicitations professionnelles en temps réel et en dehors des horaires de travail par habitude en souhaitant démontrer son efficacité à l'entreprise et traiter au fur et à mesure les consultations sans jamais s'arrêter réellement. Les nouvelles technologies disposant de connexion internet sont des parties intégrantes de nos quotidiens, à la fois personnellement et professionnellement, et sont maintenant des instruments de communication indispensables. Il est de plus en plus difficile de trouver un équilibre pour ne pas arriver à l'hyperconnexion en étant connecté en permanence. On parle maintenant d'addiction technologique. De plus, l'arrivée des nouvelles technologies a également marqué une nouvelles organisation du travail où, de nos jours, la présence dans au bureau ne détermine pas seulement les horaires de travail.

De nombreuses entreprises fournissent des téléphones mobiles à leurs employés, puis leur demandent qu'ils restent disponibles pour pouvoir réagir aux différentes situations qui pourraient se présenter. Cela génère du stress et de l’anxiété chez le travailleur qui, en dépit de ses heures de repos ou même des jours de vacances ou de week-end, devient alors esclave d’un téléphone pouvant sonner à tout moment et génère des craintes sur les conséquences négatives sur sa relation de travail, s’il ne répondait pas.

En raison des effets négatifs que provoque ce manque de déconnexion du travail, la France a introduit la notion de droit à la déconnexion dans sa réforme du travail. C'est un droit amené timidement, mais il permet d’insister sur l’importance pour le salarié de séparer sa vie personnelle de sa vie professionnelle. En effet, ce dernier ne vit pas par et pour l'entreprise. En France, le droit à la déconnexion est introduit par la signature d’un accord entre l'employeur et les employés à savoir pour les entreprises de plus de 50 salariés. En cas d'absence d'accord, l'employeur peut rédiger une lettre d'utilisation des nouvelles technologies en dehors des horaires de travail. 

Le droit à la déconnection désormais possible

L'article 55 de la Loi du Travail El Khomri de cette réforme permet aux entreprises de mettre en place et de proposer une nouvelle régulation de l'utilisation des outils numériques par une charte qui détaillera les modalités de l'exercice du droit à la déconnexion. Par ailleurs, la loi entend que les entreprises s'engagent à former et sensibiliser leurs salariés à "un usage raisonnable des outils numériques." La loi du droit à la déconnexion entrée en vigueur au 1er janvier 2017, concerne essentiellement les entreprises de plus de 50 salariés.

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La loi cherche à garantir aux salariés la possibilité de se déconnecter en dehors des horaires de travail pour leur épanouissement personnel et pouvoir continuer avec les activités hors du champ professionnel.

L'adoption de cette loi ne sera pas aussi simple tant pour les entreprises que pour leurs employés. Il s'agit de peu à peu sensibiliser l'ensemble des entreprises et des salariés au droit à la déconnexion pour leur bien-être et éviter les nouvelles maladies professionnelles comme le burn-out, par exemple.

Pourquoi cette loi est-elle importante ?

Nombreuses études nous démontrent l'importance du respect des temps de repos et de congé mais aussi et surtout dans le quotidien de la vie personnelle et familiale car la tendance est bien réelle. Chaque espace a besoin d'être délimité et ainsi éviter toute situation critique. Actuellement, 37% des actifs utilisent chaque jour les nouvelles technologies pour une utilisation professionnelle en dehors du travail et 62% des actifs dont beaucoup sont des cadres, espère un encadrement pour les aider dans l'utilisation des outils numériques en dehors du travail, selon une étude du cabinet Éléas.

Pour conclure, reprenez vos passions, faites une pause et penser à ce que vous souhaitez réaliser en dehors du travail. En anglais, on parle d'un "retour dans la vraie vie" soit "IRL In Real Life" en commençant de nouvelles activités. C'est en chassant vos réflexes digitaux que vous pourrez commencer à vous déconnecter et vous reconnecter à l'essentiel : vous. Retrouvez tous les bienfaits psychologiques de la déconnexion au travail dans notre autre article.

Quelques limites dans le droit à la déconnexion ?

Il existe quelques limites à la mise en place au droit à la déconnexion car pour l’instant, l’employeur peut encore décider du cadre d’utilisation des technologies pour son entreprise car il a la possibilité de rédiger la lettre d’utilisation des technologies en dehors du travail pour son entreprise en l’absence d’accord.

Par ailleurs, ce droit de déconnexion numérique reste discriminatoire pour les salariés des petites et moyennes entreprises pour lesquelles il ne s’applique pas. C’est généralement précisément dans les petites entreprises que l’employeur dépend davantage de ses travailleurs.

Quoiqu’il en soit, c’est un début et il reste encore beaucoup à faire dans cette direction. Le point positif avec l’arrivée du droit à la déconnexion est apparu dans les sociétés comme Orange ou Michelin, qui introduisent désormais de nouvelles mesures de déconnexion numérique parmi leurs salariés, en contrôlant et limitant les connexions distantes pour faciliter une déconnexion adéquate pendant les heures de repos ou de vacances. C’est sans nul doute un bon exemple du chemin à suivre pour l’ensemble des entreprises, où non seulement les horaires de travail sont pratiquement infinis, mais aussi les employeurs ont souvent la mauvaise habitude d’appeler leurs employés pour résoudre les problèmes de main-d’œuvre, par exemple.

Photos : Shutterstock

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